Israël a les clés de la solution

Michel Warschawski, écrivain et journaliste, figure du mouvement pacifiste et de la gauche israélienne, engagée contre l’occupation et la colonisation.

Il dénonce :

« Nous avons dépassé les crimes de guerre, nous sommes face à un crime contre l’humanité à Gaza. La Cour pénale internationale doit s’en saisir. La population de Gaza paye une nouvelle fois le prix cher, sans pour autant que ce carnage, ces milliers de morts gazaouis ne calment l’opinion publique israélienne, qui se sent très menacée. Je suis très inquiet devant la folie de notre gouvernement d’extrême ».

« Nous sommes face à des jusqu’au-boutistes extrémistes qui sont en plus des incapables et des voyous. Nétanyahou est leur otage. Et ça fait peur ».

« Israël a les clés de la solution : se retirer des territoires occupés. Et ne pas provoquer une nouvelle nakba [« catastrophe » palestinien]. Un ministre du gouvernement israélien a déclaré qu’il fallait finir le boulot de 1948. Cette idée, selon laquelle, nous aurions gardé beaucoup trop de Palestiniens sur notre territoire, obsède notre gouvernement, qui entend créer l’occasion pour nettoyer Israël et en faire un État juif démographiquement, c’est-à-dire un État composé uniquement ou quasi uniquement de juifs. C’est dans la continuité de la loi fondamentale qui a été votée il y a deux ans : Israël comme peuple-nation, comme État-nation du peuple juif. C’est totalement contraire aux engagements du jeune État d’Israël pour être accepté à l’ONU en 1949. Il s’agit non seulement de ne plus reconnaître les droits rationaux palestiniens, mais aussi de s’en débarrasser le plus vite possible. C’est terrifiant ».

« On ne peut pas mettre deux millions de personnes dans une cocotte-minute à Gaza et ne pas comprendre que ça va exploser tôt ou tard. Pourquoi cette violence était-elle inévitable ? Car c’est le principe de la cocotte-minute d’exploser ! Deux millions de personnes sont enfermées dans un minuscule territoire et soumises à un blocus depuis plus d’une décennie. Ces deux millions de personnes ont des droits, à commencer par le droit d’exister, de respirer ».

(dans: Rachida El Azzouzi, MEDIAPART,  28 octobre 2023)