Nous vivrons la vie

Tu vivras la vie,
doucement et les yeux ouverts.
Tu vivras la vie que Dieu t’a donnée
de concert avec les asticots, le hibou, la lune…

Tu vivras la vie
telle qu’elle est, avec réalisme,
mais immergé dans la magie des rêves,
avec cette mélodie qui veut te chanter
la mystique du sourire de Dieu.

Tu vivras la vie
avec l’enchantement de toutes les nouvelles éclosions,
si, en dépit de l’extinction des lumières de ta maison,
tu crois qu’à un moment l’aube se lèvera
et que tu persévères dans la prière.

Tu vivras la vie,
et tu la vivras de choeur
avec l’ombre de tes compagnons de route,
même si tu marches sans savoir où tes pas te conduiront ,
le regard fixé sur l’horizon
de celui qui sut embrasser le feu et l’eau,
avec la passion d’un être amoureux.

Tu vivras la vie,
et tu la vivras dans le dépouillement du chant des oiseaux,
quand le parfum des arbres en fleurs se confond
avec le présage du fruit,
loin de la plénitude des certitudes.

Tu vivras la vie,
dans l’exode des marins sortis en mer,
cramponés aux filets vides,
d’autant plus cramponés à l’espérance
qu’ils sont éloignés du port.

Tu vivras la vie,
tu la vivras même au coeur de la nuit,
convaincu que le battement du soleil attend la pluie
et que les vignes étendent sans relâche
racines et sarments au ciel et sur terre,
afin que, hommes et femmes, nous ayons du vin
pour égayer nos coeurs.

Tu vivras la vie,
et tu la vivras même si pleurent les empreintes de tes pieds,
car la plaie du chemin ne cicatrisera pas
tant que tu ne donneras pas asile au monde
à l’auberge du bonheur

(Patxi Ezkiaga)

Traduit du Basque par Peio Ospital