NOËL in itinere
Toño Martínez, un ami poète qui travaille à Zurich comme nettoyeur, m’écrit aujourd’hui un mail intitulé NOËL in itinere (en chemin) :
« Dans le cadre de mon travail de nettoyage, je me déplace généralement de différentes manières : en voiture, à pied, en tramway, en train ….. J’ai tendance à préférer les transports publics si la hâte ne dicte pas le rythme. Et, si la journée nous sourit, en allant à pied on découvre un tas de nuances.
Et ce Noël, qu’en dirais-je ? Pour moi, depuis longtemps, la plupart des lumières sont de trop, et je préfère les nuances grelottantes d’une bougie. L’enchevêtrement de lumières simulant un gros paquet cadeau dans un centre commercial de Zurich N’EST PAS NOËL ».
L’ami Toño accompagne ses remarques en citant des poèmes :
« Depuis la fin du mois d’octobre c’est déjà Noël. Les lumières sont allumées toujours plus tôt, alors que les gens sont de plus en plus intermittents. Je veux un mois de décembre avec les lumières éteintes et les gens allumés » (Charles Bukowski)
« La vie est faite de jours qui ne signifient rien et de moments qui signifient tout » (Cristina Peri Rossi)
« Lorsque je voyage pour le travail, j’essaie de remarquer d’autres bosseurs comme moi, qui emportent avec eux à la hâte leurs espoirs et leur fatigues. Et lorsque nos regards se croisent, je me souviens d’un poème de P. Aguirre » :
« […] ils posséderont la terre.
Les fidèles, les constants,
ceux qui sont condamnés à l’éternel,
ceux qui s’émerveillent au premier coup,
ceux qui ne se fient qu’à la peur,
ceux qui construisent sur la déception,
les soigneux qui récoltent des pas,
les gardiens du phare de la routine,
les complices tenaces du travail,
ceux qui meurent raisonnablement,
ceux qui, tant de fois,
souhaiteraient urgemment
qu’il y ait un dieu à qui demander de l’aide » (Paca Aguirre)
Toño Martínez,
Zurich, le 20 décembre 2024