Dans l’immensité de tout ce qui existe

J’ai fait circuler ma conscience jusqu’à l’extrême périphérie de mon corps pour voir si je ne pouvais pas m’étendre à l’extérieur de moi-même. Je suis descendu dans les profondeurs les plus cachées de mon être, lampe à la main et oreille attentive, pour essayer de savoir si, dans l’obscurité la plus profonde de mon être, je ne verrais pas briller les eaux du ruisseau qui passe, si je n’entendrais pas murmurer ses eaux mystérieuses, venant des profondeurs les plus lointaines et allant jaillir on ne sait où.

Et je me suis rendu compte, plein d’effroi et d’émotion enivrante, que ma pauvre et insignifiante existence était inscrite dans l’immensité de tout ce qui existe et de tout ce qui devient.

(Pierre Teilhard de Chardin, Écrits de guerre, 1914-1918)

Traduit de l’espagnol par Peio Ospital