Excommunication de Sœurs Clarisses en 2024 ?

L’histoire du monastère des Sœurs Clarisses de Belorado au cours des derniers mois me semble risible et douloureuse. Douloureuse pour les Clarisses. Risible à tout point de vue pour tous les autres protagonistes.

La figure de l’évêque “schismatique” avec son prêtre ensoutané me semble plus que tout pittoresque, et le rôle qu’ils jouent, l’objectif qu’ils poursuivent, sombre. Et la figure d’un pape impliqué dans cette affaire et celle d’un commissaire pontifical, l’archevêque de Burgos, Mario Iceta, nommé pour résoudre le désordre, me semble surtout obsolète. Que le pape, son commissaire et l’establishment catholique, à notre époque, utilisent d’abord la menace de l’excommunication et l’appliquent ensuite avec un geste grave et un regret feint a quelque chose de grotesque.

C’est un spectacle ridicule. Hors du temps. Hors du sens commun. Hors de l’Évangile. C’est bien pour un divertissement d’après-dîner dans un programme télévisé. Rien de plus. Oui, il y a quelque chose de plus: le fait que l’argent soit impliqué de part et d’autre brouille tout. Le risible et le grotesque le cèdent au trouble.

Personne n’y gagnera rien. Et, comme toujours, les femmes que le système ecclésiastique a enfermées dans des murs monastiques au XIIIe siècle et soumises au pouvoir clérical au nom de Jésus, le prophète libre, et au nom de sœur Claire et de frère François d’Assise, qui ne voulaient ni de murs monastiques ni d’une Église féodale, elles, les plus vulnérables, finiront par être les plus lésées. Qu’on en finisse avec cet attirail canonico-ecclésiastique qui semble s’inspirer d’histoires médiévales.

Laissons les Clarisses de Belorado vivre en paix, avec leurs options et leurs opinions doctrinales, même si elles nous paraissent anachroniques, absurdes et erronées. Elles sont bien majeures. Que les évêques, les archevêques et le pape ne cherchent que ce qui peut le mieux garantir la dignité humaine, la liberté spirituelle et la subsistance économique de la communauté de ces sœurs, de toutes les sœurs.

Quant aux excommunications… à quoi servent-elles aujourd’hui ? A quoi ont servi toutes les excommunications de l’histoire, si ce n’est à accroître la souffrance des plus faibles, en la justifiant au nom de prétendues vérités révélées par un prétendu dieu suprême ? A quoi sert l’Eglise qui se dit Eglise de Jésus, l’excommunié, si ce n’est à soulager les souffrances ?

José Arregi

Aizarna, 22 juin 2024

Traduit par Peio Ospital