Le Noël des béguines

Le mouvement des béguines surgit vers le XIe siècle et se répandit en Europe, notamment aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Allemagne. Il s’agissait de femmes chrétiennes désireuses de vivre radicalement le mode de vie qui fut celui de Jésus avec ses plus proches disciples, hommes ou femmes. Mais elles refusaient d’être des “moniales cloîtrées”, comme c’était la norme canonique stricte au Moyen Âge pour les femmes animées d’un tel désir. Les béguines aspiraient à la liberté spirituelle, intellectuelle et institutionnelle vis-à-vis du clergé. Elles conciliaient vie active et vie contemplative, vivaient de leur travail manuel, se consacraient au soin des plus pauvres, cultivaient la lecture et l’étude, mais aussi l’écriture et la prédication. Elles furent l’objet de suspicions constantes et de condamnations répétées de la part des papes et des évêques.

Parmi elles figuraient de grandes poétesses, théologiennes et mystiques telles que Hadewich d’Anvers (XIIIe siècle), Mechthild de Magdebourg (XIIIe siècle) et Marguerite Porete, qui fut condamnée au bûcher par l’Inquisition à Paris en 1310. Le mouvement a résisté et a perduré en Belgique jusqu’en 2013.

Voici un texte qui circula parmi elles au XIIIème siècle comme source d’inspiration : 

Si un pauvre me sollicite, je lui donnerai.
S’il souffre, je pleurerai avec lui.
S’il est inconsolable, je le réconforterai.
S’il ne peut pas bouger, je le porterai.
S’il est aveugle, je le guiderai.
S’il a faim, je lui donnerai à manger.
S’il est nu, je le vêtirai.
S’il a froid, je le réchaufferai.
S’il erre, je l’abriterai.

Chaque fois que nous faisons cela, pour peu que ce soit, Jésus naît, c’est Noël.